Celui qui découvrait une baleine sous galet
Ma première intention pour ce billet était de parler du panga, un poisson élevé intensivement au Vietnam et qui fait fureur en France à cause de grâce à son prix très faible. Pour résumer, plusieurs choses se passent en coulisses pour rendre ce prix possible :
- injections d'urine de femmes enceintes (oui oui, vous avez bien lu) aux femelles pour assurer un nombre d'alevins extraordinaire (et par définition anormal) ;
- élevage très intensif dans les eaux douteuses du Mékong, en profitant de la formidable capacité de résistance de ces poissons ;
- distributions de boulettes très riches en protéines aux pangas, à base de farines... de poissons (notamment) ;
- utilisation d'une main d'œuvre très peu coûteuse dans des conditions difficiles.
Pour en savoir plus :
- si vous avez 3 minutes, vous pouvez regarder cette vidéo (France 2) ;
- si vous avez 20 minutes, regardez plutôt ce reportage de l'émission Capital (M6), beaucoup plus critique.
Bon, le panga, "c'est fait" et je n'en achète plus !
Mais du coup, je me suis demandé ce qu'il en était pour d'autres élevages de poissons, comme le saumon par exemple, en me disant qu'il y avait peut-être "anguille sous roche"... mais c'est plutôt une "baleine sous galet" que j'ai trouvée : les défauts énormes et à peine dissimulés d'une production à la sauce industrielle...
Pour vous en convaincre, lisez cet article, qui décrit bien la situation pour l'élevage classique de saumons. Un élevage bio de saumons, comme cet élevage bio des îles Shetlands apparaît donc préférable (reste à voir le prix sur les étalages).
Quant aux poissons sauvages, j'ai trouvé plusieurs éléments pour s'orienter vers une meilleure "consomm'action" :
- ce guide poisson proposé par la WWF, qui identifie les variétés à privilégier, celles à consommer avec modération et celles à éviter (pour des raisons environnementales) ;
- ce guide "Et ta mer, t'y penses ?" de Greenpeace qui permet de comprendre les tenants et les aboutissants ;
- il existe une norme MSC pour faire face aux problèmes de surpêche et assurer une pêche durable, à la manière de la norme FSC pour la gestion des forêts.
Il n'est pas évident de choisir entre poisson d'élevage et poisson sauvage, mais l'important est de savoir, pour mieux consommer...
Édit du 25/02/2008
Ce que je trouve problématique avec les farines de poissons données aux poissons d'élevage est de leur faire manger des cadavres de poissons déshydratés venus du bout du monde (du Pérou par exemple pour nourrir les pangas du Vietnam).
Les pangas et les saumons sont bien tous deux carnivores et mangent des
poissons (le problème n'est ainsi pas le même qu'avec les farines animales qu'on donnait à des herbivores), mais des poissons parmi ceux de leur écosystème, à l'état naturel et non
sous formes de farines. L'élevage bio de poissons accorde de l'importance à ce sujet en remplaçant les farines par des retailles de poissons frais.
Le sujet est difficile et les farines de poissons soulèvent d'autres problèmes (peut-être plus importants), qu'on peut découvrir dans ce dossier très intéressant de Greenpeace, "Une industrie mise au défi - Vers une aquaculture durable", qui y consacre deux parties sur sept !
Sinon, pour ceux qui n'aiment pas le poisson et qui les boycottent donc tous, le problème est réglé !!!